La méthanisation, qu'est-ce que c'est ?

Suite aux problèmes actuels que rencontre la Bretagne avec la prolifération de l’algue verte, le président de la république française a, au cours d’un discours au début du mois de juillet, ouvertement encouragé la création d’unités de méthanisation au sein des exploitations agricoles. La réduction des rejets d’azote responsables de la croissance soutenue de cette algue en est le principal objectif, bien que la création d’un gaz naturel en découle également.

Quelle est donc cette technique ? En quoi consiste-t-elle ? Quels avantages pouvons-nous en tirer ? Autant de questions auxquelles nous allons essayer de répondre dans cet article.

Présentation de la méthanisation

La méthanisation est en quelque sorte un grand compost, où la décomposition des matières organiques (lisier, résidus agricoles mais aussi ménagers, eaux usées…) est accélérée grâce à l’utilisation de bactéries et l’absence d’oxygène. Ce phénomène est par exemple visible dans le fond des marais, où les végétaux se décomposent et créent des poches de méthane emprisonnées dans la vase.

Pour utiliser ces matières organiques afin de créer du biogaz, il est nécessaire de recréer les conditions du milieu naturel, mais à une échelle plus productive et accélérée.

On utilise communément la méthanisation à l’aide d’installations adaptées. La plus répandue est celle du digesteur infiniment mélangé. Il s’agit d’une grande cuve où sont brassés en continu les résidus d’origine végétale ou animale. Sous l’action de bactéries, les matières sont réduites à l’état de substrat. Lors de cette transformation, du méthane est produit par les micro-organismes avant d’être récupéré. On obtient ainsi du biogaz en même temps que de l’engrais qui peut se substituer à l’épandage de déchets naturels habituels (lisier ou fumier). En effet, cette technique permet de réduire la charge polluante des matières organiques utilisées, dans le cas du lisier par exemple, il sera moins polluants d’épandre l’engrais obtenu par méthanisation que le lisier lui-même (diminution des odeurs, de certaines bactéries, économie en carburant pour le transport de l’engrais jusqu’à l’agriculteur, meilleur gestion de l’azote…).

Produire du gaz, et après… Quels sont les avantages ?

Une fois le biogaz récupéré, il est prêt à être réutilisé pour plusieurs objectifs :

  • La production de chaleur, réutilisée ensuite pour le chauffage ou pour la production d’eau chaude.
  • L’alimentation du réseau gazier. Si le réseau est assez proche, il est tout à fait possible de réinjecter le biogaz dans le circuit d’alimentation des grandes compagnies gazières.
  • L’utilisation comme carburant. Surtout utilisé pour les transports en commun.
  • Si des usines ou des centrales thermoélectriques sont proches du lieu de production, il est possible de les approvisionner en gaz pour leurs besoins particuliers.
  • La production d’électricité, via un système classique thermique : combustion du gaz pour créer de la vapeur d’eau qui entraine une turbine. L’électricité ainsi produite est réinjectée sur le réseau.
  • La cogénération : c'est-à-dire la production de chaleur et d’électricité.

Cette technique permet également de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Bien que le gaz issu de la méthanisation produise du CO2, la balance en terme d’émission de gaz carbonique est neutre. En effet, le CO2 émis par le biogaz a au préalable était absorbé par les déchets organiques (plantes, herbes…).

Le gaz à effet de serre ainsi dégagé s’inscrit dans un cycle, puisqu’il sera à nouveau absorbé par des plantes, pouvant être réutilisé dans la méthanisation, et ainsi de suite (comme avec la combustion du bois en France, où l’on produit plus de bois que l’on en consomme). Pour garder cette balance à l’équilibre, il faut bien sûr que la biomasse ne soit pas surexploitée. Ce principe est l’exact contraire de l’accumulation du CO2 émit par la combustion des énergies fossiles, qui lui s’accumule plus vite que ce que peuvent absorber les plantes.

Enfin, les agriculteurs disposent chez eux d’engrais à porté de main. Plus besoin de le faire livrer en camion ou d’aller le chercher chez le fabricant par exemple. Moins de gaz carbonique est ainsi rejeté dans l’atmosphère.

Un plan d’aide pour encourager la création d’unité de méthanisation

L’ADEME, le gouvernement français mais aussi les collectivités locales ou l’union européenne ont mis en place des subventions afin d’encourager l’installation de digesteurs pour les exploitations agricoles. Le tarif de rachat de l’électricité produite par méthanisation a par exemple été revu à la hausse (+20% pour les petites et moyennes entreprises agricoles), suite à l’entrée en vigueur des lois issues du Grenelle de l’environnement.

Le développement de la méthanisation coïncide donc avec les objectifs du Grenelle de l’environnement de faire passer la part de l’énergie renouvelable dans le mix énergétique à 23%. Pour ce faire, la France multiplie les pistes (parc éolien off-shore ou développement de l’hydrolienne…). La méthanisation s’inscrit clairement dans la diversification des sources d’énergie ayant un faible impact environnemental.

Espérons que ces efforts ne resteront pas vains et que ce secteur puisse se développer sereinement et sans accroches, notamment pour l’environnement, mais aussi pour les agriculteurs, qui pourraient, soit tirer une source de revenus supplémentaires de leurs différents déchets agricoles, soit réaliser des économies grâce à l’utilisation directe de leur production de gaz, pour la cuisine ou le chauffage.